Les six piliers de la foi

Ce que signifie croire en Allah

C’est reconnaitre de façon catégorique l’existence d’Allah, c’est admettre sa qualité de seigneur de l’univers [rubûbiyya] et sa qualité de dieu méritant seul d’être vénéré [ulûhiyya] et c’est croire en ses noms et ses attributs. Nous discuterons de ces quatre points en détails selon le plan suivant :

  1. Croyance en l’existence d’Allah

L’innéité d’origine divine

Reconnaitre l’existence d’Allah est une chose innée, infuse en l’homme, qui ne réclame pas d’effort pour être démontrée. C’est pourquoi la plupart des gens admettent l’existence d’Allah même s’ils ont des religions et des opinions différentes. En effet, nous ressentons au plus profond de notre conscience qu’il existe et c’est vers lui que nous nous refugions en cas d’adversités ou de malheurs poussés par notre disposition croyante innée et l’instinct religieux placé par Allah en tout être humain quoique certains tentent de l’étouffer ou feignent de l’ignorer. Voilà que nous-mêmes nous entendons et voyons des exaucements d’invocations (de ceux qui prient Allah), des dons accordés (à ceux qui demandent à Allah) et des délivrances (consenties par Allah) à ceux qui étaient acculés dans des situations critiques, et ce de façon si nombreuse que cela constitue une preuve certaine de l’existence d’Allah.

Les preuves de l’existence d’Allah sont si évidentes qu’elles ne peuvent être (toutes) évoquées ou dénombrées. Cependant, parmi elles, on compte notamment :

L’homme lui-même est une des plus éclatantes preuves de l’existence d’Allah, pour celui qui médite, réfléchit et voit, ceci en raison du bienfait de la raison qu’Allah lui a donnée, de la précision des sens et en raison de l’harmonie, la perfection et la cohérence de la création, comme Allah dit : {Et en vous-mêmes [il y a des {signes], ne voyez-vous pas ?} [51:adz-Dzâriyât:21] .

  • Chacun sait que toute chose existante nécessite quelqu’un qui l’amène à l’existence et que tous ces nombreux êtres vivants que nous voyons en permanence doivent avoir un créateur qui les a sorties du néant. Or, ce créateur c’est Allah. En effet, il est impossible qu’ils existent sans avoir de créateur tout comme il est impossible qu’ils se créent eux-mêmes car une chose ne peut se créer elle-même comme Allah l’affirme dans sa parole : {Ont-ils été créés sans aucune intervention de personne (c’est-à-dire sans créateur) ou bien sont-ils eux les créateurs (de leur propre personne) ?} [52:aţ-Ţûr:35]. Le sens du verset est : ils ne peuvent exister s’ils n’ont pas été créés par un créateur et ils ne sont pas non plus les créateurs d’eux-mêmes, ce qui a comme conséquence logique nécessaire que forcément (puisqu’ils existent) leur créateur est Allah.
  • L’harmonie (l’organisation parfaite) de cette création avec ce qu’elle contient de ciel, de terre, d’étoiles et d’arbres, prouve de façon catégorique que cet univers possède un créateur unique qui est Allah, exalté et glorifié soit-il, Allah dit dans le Qur’ân : {Telle est l'œuvre d'Allah qui a tout façonné à la perfection} [27:an-Naml:88]. Considérons, par exemple, ces astres et ces étoiles qui voguent selon une mécanique céleste immuable qui ne se grippe jamais tandis que chaque astre court dans sa propre orbite sans en dévier ni s’en échapper. Allah a dit : {Ni le soleil ne rattrapera la lune, ni la nuit ne devancera le jour. Chacun vogue dans une orbite (qui lui est propre)} [36:Yâ-Sîn:40].

  1. Croire en la « rubûbiyya » d’Allah [sa qualité de créateur et de seigneur de l’univers]

Ce que signifie croire en la «rubûbiyya» d’Allah

Cela consiste à reconnaitre et croire de façon ferme qu’Allah est le Seigneur, le Maître, le Créateur et le Nourricier de toute chose, qu’il est celui qui fait vivre et mourir, celui qui peut apporter bien ou mal, celui qui détient le pouvoir total, qu’il est la source de tout bien, qu’il est capable de toute chose et que personne ne partage avec lui ces qualités. Cela revient donc à reconnaitre qu’Allah est le seul à pouvoir agir comme Il agit (c’est-à-dire que seuls ses actes à lui sont réellement efficients sur la création), ce qui implique de croire que :

 

Seul Allah est le créateur de tout ce qui se trouve dans l’univers et que personne n’a jamais rien créé hormis lui comme il l’affirme dans sa parole : {Allah est le créateur de toute chose} [39:az-Zumar:62]. Quant à la création opérée par l’homme, elle n’est qu’une transformation d’un état vers un autre, un assemblage et une combinaison et chose de ce genre mais ne constitue pas un véritable acte de création ou une fabrication à partir du néant ou une résurrection après une mort.

Il est le seul qui pourvoit à la subsistance des créatures et personne d’autre que lui, comme affirmé dans la parole divine : {Il n’est pas une créature vivante sur terre dont la subsistance n’incombe à Allah} [11:Hûd:6].

Il est le Maître qui (possède et) règne souverainement sur toute chose. Personne autre que lui ne domine réellement. Il a dit : {Allah seul possède la royauté (détient l’autorité) sur les cieux, la terre et ce qui s’y trouve} [5:al-Mâ’ida:120].

Il gouverne toute chose et personne à part lui ne régit la création et ce conformément à sa parole : {Il gère les affaires (de la création entière) depuis le ciel jusqu'à la terre} [32:as-Sajda:5]. Quant à l’administration que l’homme fait de ses propres affaires et de sa vie et l’organisation qu’il en fait, cela est limité à ce qui relève de son autorité, à ce qu’il possède ou à ce qui entre dans le champ de ses capacités. De plus, sa gestion peut aussi bien réussir qu’échouer. En revanche, la gestion faite par le Créateur est globale (totale) de sorte que rien n’y échappe et efficace car rien ne peut la mettre en échec ou s’y opposer. Allah a dit : {Oui, la création et le pouvoir (l’autorité suprême) lui appartiennent. Gloire à Allah, seigneur de l'univers !} [7:al-A`râf:54].

Les païens arabes du temps du messager d’Allah reconnaissaient la «rubûbiyya» d’Allah [sa qualité de créateur et maître unique de l’univers]

Les mécréants du temps du messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) reconnaissaient qu’Allah est le Créateur, le Souverain Suprême, celui qui gouverne la création et subvient à ses besoins. Cette seule reconnaissance ne suffisait pas pour qu’ils soient considérés comme ayant embrassé l’islam. En effet, Allah a dit : {Si tu leur demandes : «Qui a créé les cieux et la terre ?», alors certainement ils répondront: «Allah !»} [31:Luqmân:25]. C’est insuffisant car quand on reconnait qu’Allah est le seigneur des mondes c’est-à-dire qu’il est leur créateur et leur maître qui les pourvoit et les entretient avec ses bienfaits, on se doit de destiner son adoration à lui seul et la lui vouer en toute exclusivité sans rien lui associer en cela. En effet, comment concevoir que l’homme reconnaisse qu’Allah est le créateur de toute chose, qu’il gouverne (seul) la création, qui donne la vie et la mort et en même temps qu’il consacre une partie de ses actes d’adoration à autre que lui? C’est là l’injustice la plus hideuse qui soit et le péché le plus grave. C’est pourquoi Luqmân dit à son fils tandis qu’il le conseillait et l’orientait : {Ô mon fils, ne commet pas de chirk (c’est-à-dire ne donne pas d'associé à Allah), car le chirk est vraiment une injustice énorme} [31:Luqmân:13]. Quand on demanda au messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) : «Quel est le péché le plus grave aux yeux d’Allah?», il répondit : «Que tu attribues à Allah un égal (en lui vouant des adorations comme à Allah) alors que c’est lui (et lui seul) qui t’a créé». (al-Bukhârî 4207, Muslim 86).

 La foi en la toute-puissance divine apaise les cœurs

La croyance en la «rubûbiyya» [en la toute-puissance divine] apaise les cœurs

Quand l’homme sait de façon certaine qu’aucun être créé ne peut échapper au décret d’Allah car il est leur souverain, celui qui les gouverne conformément à sa volonté et sa sagesse, leur créateur à tous tandis que tout autre que lui n’est qu’une créature faible et dépendante de son créateur –gloire à lui–, et quand l’homme sait aussi que tout repose sur lui –exalté soit-il– en dehors de qui il n’y a ni créateur, ni dispensateur de subsistance, ni personne d’autre pour s’occuper de la bonne marche de l’univers dans lequel aucun atome ne se déplace ni ne s’immobilise sans son accord, quand donc il sait cela, il se produit alors en son cœur un attachement envers Allah seul et cela le pousse à confier ses requêtes à son seigneur, cela lui fait prendre également conscience de sa dépendance à son égard, ce qui a pour effet qu’il s’en remet à lui dans toutes ses affaires et qu’il est encouragé à aller de l’avant et à faire preuve de persévérance dans son rapport avec les vicissitudes de la vie qu’il traverse alors avec sérénité, détermination et ferme résolution car dès l’instant où il a mis les chances de son côté en recourant aux causes nécessaires à la réalisation de son besoin concernant les affaires de la vie et en invoquant Allah pour qu’il réalise son souhait, alors, de la sorte, il se sera acquitté de tout ce qui lui incombait et dès lors il ne ressent pas d’envie à l’égard de ce que possèdent les autres car en définitive il sait que tout dépend de la volonté divine : c’est lui qui crée et lui qui fait les choix.

  1. Croire en la « ulûhiyya » d’Allah [sa qualité de seul dieu à mériter les adorations]

 Proclamer l’unicité d’Allah et l’adorer, c’est cela la véritable signification de «lâ ilâha illa-llâh» [point de divinité méritant le culte sauf Allah]

C’est croire fermement qu’Allah est le seul à mériter toutes les formes d’adoration, que ces actes d’adoration soient visibles (extérieurs) ou cachés (dans le cœur). Nous réservons donc uniquement à Allah toutes les marques de vénération comme l’invocation, la peur, la confiance, la demande d’aide, la prière, la zakat et le jeûne. Donc, aucun être adoré n’est vénéré à bon droit sauf Allah comme il est dit dans la parole divine : {Votre dieu (ilâh) est un dieu (ilâh) unique. Point d’ilâh (méritant une adoration exclusive) sauf lui, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux} [2:al-Baqara:163]. Ici, Allah déclare que le «ilâh» (dieu vénéré) est un «ilâh» unique c’est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul dieu vénéré (à bon droit). Il n’est donc pas permis d’adopter un autre dieu pour le vénérer. Personne d’autre que lui ne doit être adoré.

L’importance de croire en la «ulûhiyya» d’Allah

L’importance de la croyance en la «ulûhiyya» d’Allah apparait au travers de divers points :

  1. La croyance en la «ulûhiyya» est le but pour lequel les djinns et les hommes ont été créés à savoir adorer Allah seul sans rien lui associer. En effet, Allah a dit : {Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils m'adorent} [51:adz-Dzâriyât56].
  2. C’est la raison pour laquelle les messagers, paix sur eux, ont été envoyés et la raison pour laquelle les livres saints ont été révélés. Le but de tout cela est la reconnaissance qu’Allah est le seul dieu vénéré légitimement et le reniement de tout ce qui est adoré en dehors de lui, conformément à sa parole que voici: {Nous avons envoyé dans chaque communauté un messager (pour qu’il ordonne) : «Adorez Allah et abandonnez les faux dieux [ţâghût]»} [16:an-Naħl:36].
  3. C’est le premier devoir qui incombe à l’homme comme cela est confirmé par la recommandation du Prophète à Mu`âdz ibn Jabal quand il l’a envoyé au Yémen, recommandation faite en ces termes : «Tu vas à la rencontre d’hommes appartenant aux Gens du Livre. Aussi, que la première chose à laquelle tu les appelles soit le témoignage qu’il n’y a pas de dieu digne d’adoration sauf Allah» (al-Bukhârî 1389, Muslim 19). Il faut comprendre : «Appelle-les à vouer exclusivement à Allah toutes les formes d’adoration».
  4. La croyance en la «ulûhiyya» est la véritable signification de «lâ ilâha illa-l-lâh» [Point de «ilâh» sauf Allah] car le «ilâh» désigne le dieu vénéré et donc le sens de «lâ ilâha illa-l-lâh» est «Il n’y a pas de dieu vénéré (à bon droit) sauf Allah» et «On ne doit consacrer aucune forme d’adoration à autre que lui».
  5. La croyance en la «ulûhiyya» est la conséquence logique du fait de croire qu’Allah est le Créateur et le Souverain Suprême qui règne sur l’univers (et pourvoit aux besoins de sa création).

Que signifie «ibâda» (adoration) ?

Le mot «`ibâda» est un terme dont le sens englobe tout ce qu’Allah aime, tout ce qui lui plait, parmi les paroles et les actes qu’il a commandés ou recommandés aux hommes, que ce soit des actions visibles comme la prière rituelle, la zakat, le hadj ou des actions intérieures comme l’amour pour Allah et son prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui), la crainte d’Allah, la confiance en lui, son imploration à l’aide (en son for intérieur) etc.…

 

La «`ibâda» (l’adoration) touche tous les domaines de la vie

 Tous les métiers [licites] s’ils sont accompagnés d’une intention louable, sont considérés comme des actes d’adoration pour lesquels l’homme est récompensé.

L’adoration s’étend à toutes les actions du croyant (c’est-à-dire que chacune de ses actions –dans le champ du licite- peut être comptée comme un acte d’adoration) s’il conçoit l’intention de se rapprocher d’Allah par ce biais (s’il recherche à travers cela sa satisfaction). En effet, l’adoration en islam ne se limite pas aux rites bien connus que sont la prière, le jeûne et ainsi de suite mais tous les actes bénéfiques accompagnés d’une intention louable et faits dans un objectif sain deviennent des adorations pour lesquelles on est récompensé. Par conséquent, si le musulman mange, boit ou dort avec l’intention d’acquérir des forces dans le but d’utiliser ces forces au service d’Allah, il en est récompensé. De la sorte, le musulman vit toute sa vie pour Allah puisqu’en mangeant avec l’intention de gagner des forces qu’il utilisera dans l’adoration d’Allah, son alimentation est compté comme un acte d’adoration car accompagné de cette intention. De même, en se mariant (et en ayant des relations intimes avec son épouse) dans le but de se préserver du péché de la chair, son mariage (et ses rapports) sont considérés comme une adoration. Toujours avec cette même intention, son commerce, sa fonction et son travail pour gagner sa vie sont aussi des actes d’adoration. Idem: son acquisition des sciences (ses études), son diplôme, ses recherches scientifiques, ses découvertes et ses inventions sont une adoration. Pareillement : le soin que la femme apporte à son mari, à ses enfants et à sa maison est compté aussi comme une adoration chez Allah. Il en est ainsi pour tous les domaines, toutes les activités de la vie et toutes les questions comportant un bénéfice, tant que cela est accompagné d’une intention sincère et que c’est dans un but louable.

La «`ibâda» (l’adoration) est la raison d’être de la création

Allah a dit : {Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils m'adorent. Je n’attends d’eux aucune subsistance et je ne désire nullement qu’ils me nourrissent. C’est Allah qui est le Pourvoyeur et le détenteur de la force et de la puissance} [51:adz-Dzâriyât:56-58]. Allah enseigne donc que la raison pour laquelle les djinns et les hommes ont été créés est l’accomplissement de l’adoration, bien qu’il n’ait nullement besoin de cette adoration, dont il se passe d’ailleurs parfaitement. C’est plutôt eux qui sont dans le besoin de l’adorer en raison de leur totale dépendance à son égard. Si l’homme néglige ce but, se vautrant dans les plaisirs terrestres sans se rappeler la divine sagesse pour laquelle il a été créé, il devient alors un être qui ne se distingue pas de toutes les autres créatures présentes à la surface de cette planète car en effet les animaux se nourrissent et se divertissent aussi mais avec cette différence qu’ils ne devront pas rendre de compte au jugement, dans l’au-delà, contrairement à l’être humain. Allah a dit : {Les mécréants jouissent et mangent comme mangent les animaux de bétail alors que le feu infernal sera leur demeure finale} [47:Muħammad:12]. Ils ressemblent donc aux animaux quant à leurs occupations et leurs objectifs sauf qu’eux recevront le salaire de leurs actes du fait qu’ils sont dotés d’une raison avec laquelle ils peuvent comprendre et appréhender les choses, contrairement à ces animaux-là qui ne sont pas pourvus d’intelligence.

Les piliers de la «`ibâda»

 Pour que l’adoration soit valable, il faut qu’elle soit accomplie exclusivement et sincèrement pour Allah et à la façon du Messager.

L’adoration ordonnée par Allah repose sur deux piliers importants : Le premier est le summum de l’humilité et de la peur et le deuxième consiste en l’amour parfait pour lui. La «`ibâda» qu’Allah a prescrite aux hommes doit donc obligatoirement être accompagnée à son égard d’une humilité, d’une soumission et d’une peur complètes en même temps qu’elle doit renfermer un parfait amour pour lui, fervent au plus haut point, ainsi qu’une aspiration à lui (un élan du cœur plein d’enthousiasme) et un immense espoir en lui. En conséquence, l’amour qui n’est pas accompagné de peur et d’humble soumission, comme l’amour pour la nourriture et l’argent, n’est pas une adoration. Il en est de même pour la peur non accompagnée d’amour, comme la peur d’un animal sauvage ou d’un chef tyran, cela n’est pas considéré comme une adoration. Si en faisant un acte, amour et peur y sont associés, cela est compté alors comme une adoration sachant que l’adoration ne peut être destinée qu’à Allah uniquement.

Ceci conformément à la parole divine : {Au contraire, toute personne qui s’abandonne à Allah [c’est-à-dire qui se soumet totalement et sincèrement à lui] tout en agissant de façon juste [c’est-à-dire de façon conforme], trouvera sa récompense auprès de son Seigneur. Ceux-là seront sans crainte et sans tristesse} [2:al-Baqara:112]. Le sens de {qui s’abandonne à Allah [aslama wajhahu lillâh]} est réaliser le monothéisme (strict et pur) en vouant son adoration exclusivement à Allah. Quant à l’expression {tout en agissant de façon juste [wa huwa muħsin]}, elle veut dire se conformer à la loi divine et à ce qui est prescrit dans la sunna du messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui).

Les conditions de l’adoration

Pour que l’adoration soit valable, il faut la réalisation de deux conditions :

Vouer sincèrement et exclusivement l’adoration à Allah, sans rien lui associer.

Suivre et imiter scrupuleusement la sunna du messager d’Allah.

Se conformer à la sunna du Prophète concerne uniquement les adorations stricto sensu comme la prière rituelle (şalât), le jeûne et les formules de louange (dzikr). En revanche, ce qui peut être qualifié d’adoration au sens large ce sont les habitudes profanes et autres comportements au cours desquels l’homme conçoit une intention louable afin d’obtenir la récompense d’Allah à l’instar des exercices physiques que l’on fait avec l’objectif d’acquérir la force permettant de mieux obéir à Allah ou la pratique du commerce afin de subvenir aux frais de la femme et des enfants, alors de tels actes n’exigent pas la conformité ; il suffit seulement qu’il n’y ait pas une infraction à la sunna ou la transgression d’un interdit.

 Le chirk

  • Le chirk contredit la foi en la «ulûhiyya» d’Allah [c’est-à-dire qu’il est contraire à l’adoration exclusive qui est due à Allah]. Or, puisque croire qu’Allah est le seul à mériter d’être adoré à l’exclusion de tout autre [c’est-à-dire le fait de reconnaitre sa «ulûhiyya», son droit exclusif à être adoré] est l’obligation la plus importante et la plus sérieuse qui soit, il s’ensuit que le chirk est le péché le plus grave chez Allah. Il est, en effet, la seule faute qu’Allah ne pardonne pas, à moins de se repentir, comme il a dit : {Allah ne pardonne pas qu'on lui associe quelqu’un [dans son droit exclusif à l’adoration] mais pour tout ce qui est moindre, il pardonne à qui il veut} [4:an-Nisâ’:48]. Quand on demanda au messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) : «Quel est le péché le plus grave aux yeux d’Allah ?», il répondit : «Que tu attribues à Allah un égal [en vouant un culte à autre que lui] alors que c’est lui qui t’as créé» (al-Bukhârî 4207, Muslim 86).
  • Le chirk corrompt et annule les bonnes œuvres comme Allah a dit : {S’ils avaient associé quelqu’un à Allah [c’est-à-dire s’ils avaient commis le chirk] alors ils auraient perdu le bénéfice des œuvres qu’ils accomplissaient} [6:al-An`âm:88]. Le chirk implique irrémédiablement pour celui qui s’en rend coupable, l’éternité en enfer puisqu’Allah a dit : {Assurément, Allah refusera le paradis à celui qui lui attribue un associé et sa demeure sera le feu de l’enfer} [5:al-Mâ’ida:72].

Le chirk est de deux sortes : majeur et mineur

  1. Le chirk majeur : Cela consiste à ce que l’homme destine à autre qu’Allah une des formes d’adoration. Donc vouer à Allah une parole ou un acte qu’il aime s’appelle «monothéisme pur» [tawħîd] et foi [îmân] mais les consacrer à autre que lui s’appelle chirk et «mécréance». Un exemple de ce type de chirk est d’invoquer quelqu’un d’autre qu’Allah pour qu’il guérisse sa maladie ou qu’il lui accorde l’abondance ou bien de placer sa confiance en quelqu’un d’autre qu’Allah ou bien encore de se prosterner pour autre qu’Allah. Allah a dit : {Votre seigneur a dit: "Invoquez-moi et je vous exaucerai"} [40:Ghâfir:60]. Allah a dit : {En Allah seul mettez votre confiance si vous avez vraiment la foi} [5:al-Mâ’ida:23]. Allah a dit : {Prosternez-vous donc pour Allah et adorez} [53:an-Najm:62]. Quiconque donc voue une de ces adorations à quelqu’un d’autre qu’Allah, devient par ce fait un muchrik (coupable de chirk) et un mécréant.

 

  1. Le chirk mineur : C’est toute parole ou action qui constituent un moyen d’accès vers le chirk majeur et un chemin qui y conduit. Un exemple est l’ostentation légère consistant à allonger quelquefois sa prière pour être remarqué par les gens ou à élever de temps en temps sa voix en récitant le Qur’ân ou en prononçant des formules de louange afin d’être entendu par les gens et ainsi être loué par eux. Le messager d’Allah a dit : «Ce dont j’ai le plus peur pour vous, c’est le chirk mineur». On lui demanda : «Qu’est-ce que le chirk mineur ô Messager d’Allah ?». Il répondit : «L’ostentation» (Aħmad 23630). En revanche, si la personne ne pratique l’adoration qu’à l’intention des gens [c’est-à-dire que l’ostentation est la seule motivation à l’origine de l’acte] de sorte que sans cela elle n’aurait ni prié ni jeûné, alors on a affaire ici à la pratique des hypocrites, c’est-à-dire que c’est un chirk majeur qui exclut complètement de l’islam.

 

Est-ce que demander des choses aux gens est considéré comme du chirk ?

L’islam est venu pour libérer la raison de l’homme de l’emprise de la superstition et du charlatanisme et pour libérer l’homme lui-même de la soumission à autre qu’Allah. Il est donc absolument défendu de faire des requêtes aux morts et aux objets (divinisés) ou de se soumettre à eux et s’humilier devant eux car c’est de la pure fable (des inventions mensongères) et du chirk. En revanche, demander à une personne vivante quelque chose qui est dans ses capacités comme nous apporter un coup de main, nous sauver de la noyade ou invoquer Allah en notre faveur, cela est permis.

 

 

La demande est-elle adressée à un mort ou à un objet inanimé?
Oui
C’est là un chirk qui contredit l’islam et la foi. En effet, un mort ou un objet inanimé est incapable d’entendre ton invocation ou de l’exaucer. De plus, l’acte d’invoquer est une adoration (`ibâda) et la destiner à autre qu’Allah constitue un chirk. Or, le chirk des arabes pendant le temps de la révélation au Prophète consistait justement à invoquer des objets inanimés (idoles, statues) et à prier des défunts.
Non
La demande est adressée à une personne vivante qui entend tes paroles et ta requête. Dans ce cas, est-elle en capacité de te répondre et de t’apporter ce que tu demandes ? (par exemple tu lui as réclamé son aide dans une affaire pour laquelle elle dispose la chose requise ou la capacité lui permettant de t’apporter son assistance).
Oui
C’est là une demande légalement permise, qui ne souffre d’aucun inconvénient (ne soulève aucune objection) car c’est une des façons qu’ont les gens de vivre ensemble et c’est un aspect des relations qu’ils entretiennent habituellement entre eux.
Non
Demander à une personne en vie quelque chose qui n’est pas dans ses capacités ou qu’elle ne possède pas comme par exemple quelqu’un qui est stérile et qui demande à une personne vivante de lui accorder une progéniture vertueuse, cela est un chirk majeur qui contredit l’islam car ça revient à invoquer quelqu’un en dehors d’Allah.